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L'art moderne au Mexique

  • juliecamus0311
  • 30 oct. 2020
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 nov. 2020

Une révolution sociale menant à une révolution artistique


Alors que le Mexique était dirigé par le dictateur Porfirio Díaz (qui dirigeait le Mexique depuis 1876), Francisco Madero lança un appel à la révolution le 20 novembre 1910, déclenchant la révolution mexicaine. Porfirio Díaz quitta le gouvernement en mai 1911 et F. Madero fut élu président. Il a eu des problèmes avec les anciens partisans du régime politique et surtout avec les insurrections paysannes menées par des personnalités telles que Pascual Orozco, Pancho Villa et Emiliano Zapata. Ils voulaient plus : outre un régime parlementaire, ils demandaient une réforme de la répartition des terres. L'assassinat de F. Madero a conduit à une instabilité politique et en 1917, Venustiano Carranza est devenu président et a créé une nouvelle constitution.


Ces années sont intéressantes pour le domaine artistique, autant pour l'architecture et la littérature que pour la peinture. Après l'instabilité politique, la nation était à la recherche de son identité, et cela se remarque dans la diversité des mouvements artistiques. Une partie de la production artistique de cette époque contient des messages politiques à travers des peintures murales mêlant thèmes socialistes et imagerie indigène. Nous pouvons le voir principalement dans le travail de José Clemente Orozco (1883 - 1949) et Diego Rivera (1886 - 1957). La tradition des fresques est ancienne, mais ici elle est utilisée pour illustrer des faits de la nation : c'est pourquoi on a appelé Muralisme, le mouvement constitué par les fresques mexicaines à partir de la Révolution de 1910. Cet art se développe donc bien évidemment grâce au soutien de l'Etat, qui est à l'origine de nombreuses commandes pour les édifices publics entre les années 1920 et 1930, même si dans les faits, sont illustrées les oppressions que subissent le peuple mexicain.


José Clemente Orozco, Catharsis, 1934, Palais des Beaux-arts de Mexico : illustre la manière dont l'individu est écrasé et tourmenté par une société violente qui valorise la haine et la peur.



Diego Rivera: L'épopée du peuple mexicain (tourné "La Conquista"). 1929-1935. Surface totale: 276 m². De gauche à droite : De la conquête du Mexique à 1930, photo par Katie Bordner. Le Mexique indien.


Mais l'art mexicain de cette période n'est pas seulement marqué par la propagande et les fresques, il est aussi touché par les explorations techniques d'avant-garde du XXe siècle : cubisme, inspirations impressionnistes. On peut mentionner à ce titre les Estridentistas. Le stridentisme est un mouvement pluridisciplinaire composé de poètes, d'écrivains, de musiciens, d'artistes… Il a commencé en 1921, créé par le poète Manuel Maples Arce, et n'a duré que quelques années puisqu'en 1927 ce mouvement est sur le déclin, mais a été marqué par la publication de la revue Irradiador. Ce mouvement, mélangeant les arts littéraires et visuels, partage certaines caractéristiques avec le cubisme, le dadaïsme et le futurisme, mais il a développé une dimension sociale spécifique, tirée de la révolution mexicaine, et un souci de l'action ainsi qu'un ancrage dans son temps.


En dehors de ce mouvement, il existe une grande diversité dans l'art mexicain : par exemple, l'art de Frida Khalo, longtemps oublié au profit de celui de son mari, Diego Rivera. Son art mêle humour, sarcasme et art indigène mexicain. C'est une figure unique, prise entre son identité nationale et son art contemplatif, André Breton, un célèbre artiste surréaliste a écrit à son sujet que « son art est comme un ruban autour d'une bombe ». Sa vie très tourmentée, ainsi que son mariage tumultueux, l'amène vers un art très introspectif, autour de la notion d'identité, qui a été qualifié de surréalisme mais dont elle réfute l'étiquette.


Frida Khalo, La colonne brisée, 1944, huile sur masonite, 39,8 cm x 30,6 cm, Museo Dolores Olmedo, Mexico


En effet, sa santé fragile ( elle souffre de poliomyélite depuis l'âge de six ans), son grave accident de bus qui la laisse aliter, lui font découvrir la peinture comme échappatoire. Installée dans son lit avec un miroir au plafond, c'est probablement ce qui la pousse à réaliser autant d'autoportraits. En 1929, elle épouse Diego Rivera, qui a le double de son âge, et cette union bien que passionnelle, est aussi une source de tourmentes. Après leur mariage, il la trompe à de nombreuses reprises, notamment avec sa sœur Cristina, trahison que ne pardonne pas Frida Khalo, qui s'engage par la suite dans de multiples liaisons sulfureuses avec des hommes et des femmes. Elle dit à son sujet « J’ai eu deux accidents graves dans ma vie. L’un, c’est quand un tramway m’a écrasée. L’autre, c’est Diego. ».


Frida Khalo, Autoportrait en Tehuana (Diego on my mind), 1943, Huile sur masonite. The granger collection, NYC.


Le couple divorce, puis se remarie et restera ainsi jusqu'à la mort de Frida en 1954. Mais l'union de leur deux âmes se retrouvent aussi dans un engagement politique fort : le communisme. Militants tous les deux, ils sont membres du Parti communiste et accueilleront Léon Trotski lors de son exil à la Maison bleue. Marqués par leur engagement politique, leur attachement aux terres du Mexique et leur amour pour l'art, le couple est devenu un emblème de l'art mexicain, nationalement comme internationalement.


Frida Khalo a su mettre en avant sa vie introspective et ses souffrances en les illustrant à travers un art rempli de symboles, tout en étant une fervente militante. Elle se place également en emblème de la cause féministe. Dans une société stricte mexicaine, elle affirme sa bisexualité, son athéisme ainsi que sa propre définition de la féminité. Ainsi, tout au long de sa vie, elle ne cessera de défendre par la peinture ses idéaux égalitaires, représentant des sujets tabous : avortement, fausse couche, dépression… Elle proteste autant par son art que par son physique, sa mythique moustache et son monosourcil ne sont pas une honte, mais une fierté et un moyen de s'imposer hors des carcans d'une société misogyne. Souvent, elle entreprend de s'habiller à la manière d'un homme, en costume, et d'affirmer son goût pour la boisson, chose très mal vue à l'époque. Elle lutte aussi pour l'acceptation de sa « mexicanité », c'est-à-dire de ses racines, de son identité en tant que mexicaine.


L'hôpital Henry Ford, Frida Kahlo, 1932, Huile sur métal, 32.5cm x 40.2cm, Musée Dolores Olmedo, Mexique



Frida Kahlo, Autoportrait au Collier d’Épines et Colibri, 1940, huile sur toile. 61,25 × 47 cm, Musée des Beaux-Arts de Boston.


Mis en valeur par de nombreux bouleversements artistiques menant à des créations puissantes, notamment par les « tres grandes » (trois grands) - José Clemente Orozco, Diego Rivera et David Alfaro Siqueiros - mais aussi par d'autres personnalités de renom comme Frida Kahlo et Rufino Tamayo, cette période d'instabilité politique a fait émerger le Mexique comme centre artistique international.

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